La DS 19, la voiture qui a réinventé l'automobile.

L'esprit d'initiative, l'avant garde, la communication, voilà les principaux traits d'une entreprise française fondée en 1919 par un vrai entrepreneur, visionnaire pour son époque : André Citroën. Chacune de ses voitures a constitué un formidable bond technologique pour toute l'industrie automobile. Avec la DS (suivi de l'ID), la firme aux chevrons a frappé encore plus fort, donnant carte blanche à son fantastique bureau d'étude d'alors, pour imaginer la voiture de l'an 2000.
Aventure humaine.

Résultat : la DS 19 à la ligne inimitable, au confort inouï pour l'époque et qui a carrément réinventé l'automobile. Encore aujourd'hui, bourrées de trouvailles technologiques véritables mines à brevets, les DS tiennent la comparaison avec les autos actuelles. Seule la motorisation n'était pas à la hauteur de cet événement. Et puis il faut dire que l'option du tout hydraulique a causé quelques soucis aux premiers propriétaires. Les Citroën d'aujourd'hui n'ont plus rien à voir.

     

3 hommes et un couffin.
L'idée de la création d'un véhicule, futur remplaçant de la traction 15/six date de 1938. On sait ce qu'il advint en 1940, et ainsi ce projet ne fut repris que vers 1946. Il se nommait VGD pour Voiture de Grande Diffusion. Les idées fusent alors. Et trois hommes vont faire de ce rêve éveillé la plus folle des aventures. Lefebvre, Magès et Bertoni. Deux ingénieurs et un designer.


Citroën DS 19-1956


Citroën DS 19-1956

 


Principe de liaison au sol

 


Tableau de bord Citroën DS 1956

Lefebvre pense à une nouvelle structure pour privilégier la sécurité de la voiture et la sérénité du conducteur : il exige de son équipe que l'on trouve un moyen d'éviter tout angle mort dans la vision, en réduisant au maximum les pieds de pare-brise. Les portes sans encadrement naîtront de cette idée.
Puis le capot et le pavillon sont imaginés pour être faits en un seul morceau, et en alu ! (Ils s'expulsent vers le haut en cas de choc). Tout y passe ! Ainsi le volant mono-branche, dans un premier temps va faire rire le bureau d'études avant de démontrer son bien fondé, permettant notamment de dégager le tableau de bord et de laisser la cage thoracique du conducteur dégagée en cas de choc violent avant.
Quand on en arrive au pare brise que Lefebvre veut bombé, celui ci se heurte à Saint Gobain qui affirme qu'il est impossible d'en réaliser. C'est à Jemmapes, en Belgique que le proto sera fabriqué avant que Saint Gobain, piqué au vif, ne réagisse. Parallèlement, Paul Magès travaille sur la célèbre suspension hydropneumatique, qui fait aujourd'hui encore toute la réputation de la marque. " Il fallait être fou pour se lancer dans un truc pareil, se souvient-il, et si j'étais sorti d'une grande école, je ne l'aurais jamais fait ! "
C'est lui qui va inventer l'inconcevable : marier le gaz au liquide hydraulique. Là encore, il a fallu tout créer, tout imaginer. Des sphères aux membranes, en passant par les joints. L'hydraulique à tous les étages, à toutes les sauces : direction, suspension, freinage proportionnel à la charge transportée, embrayage.
Le troisième Larron, Flaminio Bertoni n'est pas en reste. Ayant déjà participé au design de la traction avant, de la 2CV, il imagine en ce début 1954 la ligne de la future DS, après des dizaines et des dizaines de dessins, maquettes. L'arrière lui posera plus de difficulté suite aux exigences du PDG Bercot. Finalement d'un trait de génie, il le créera en 8 jours. Quant à l'aménagement intérieur, et en particulier le tableau de bord, il reste de son entière création.

     

 

Lancement prématuré pour une réussite annoncée.
Début 1955. Bien qu'il sache que rien n'est vraiment réglé, Bercot décide de lancer la VGD. Elle doit être prête pour le salon de l'automobile d'octobre. C'est la panique quai de Javel. Mais Citroën n'a plus le choix. Victime de son succès, de fuites en indiscrétions, la presse se fait l'écho depuis 2 ans de l'existence d'un prototype et les ventes de la traction ont sévèrement baissé. Il s'agissait maintenant de survivre.
Restait le nom. D'abord baptisé VGD, les projets étaient numérotés D1, D2 etc. D'où le nom DS qui fût retenu, et qui permettait une association phonétique heureuse (déesse).


Citroën ID 1956


Break ID 1964


Défilé du Général de Gaulle en 1958

Telle qu'elle apparaît au salon de paris en octobre 1955, la DS fait l'effet d'une bombe. Elle est assez révolutionnaire. Et on sait ce qui va se passer ce matin du 5 octobre : ruée sur le stand, des commandes qui affluent : 749 en 45 minutes, 12.000 en fin de journée et 80 000 voitures vendues à la fin du salon ! Une folie qui permettait à Citroën de remplir ses carnets pour 2 ans ! A l'époque, malgré le versement d'arrhes, il fallait se montrer patient...et contrairement à la légende, les premières DS 19 sortaient de chaîne à haute cadence. D'année en année, de liquide hydraulique rouge en liquide hydraulique vert, la DS poursuivra sa carrière. Elle se fit des inconditionnels et des farouches critiques. Mais parmi le plus célèbre de ces partisan, le général de Gaulle qui, on se le rappelle, se fit " sauver la vie " par sa DS lors de l'attentat du petit clamart.
Finalement, en 20 ans, il y aura eu 1 330 755 DS produites en France et au total 1 455 746 véhicules construits à travers le monde : Belgique, Royaume uni, Afrique du sud. Les DS et ID furent commercialisées sur les 5 continents, de l'Australie à l'Afrique du sud en passant par l'Amérique, l'Asie et l'Europe. Voiture inimitable qui avait osé l'impensable elle avait réussi et avait fait de Citroën le constructeur le plus original de la planète, et ceci pour la dernière fois de son histoire.